16 - Islam, origines et actualité
Aborder la question de l’islam est un sujet délicat. Car l’islam est un domaine complexe, touffu, où cohabitent les idées les plus généreuses et les tendances les plus meurtrières. Une grande ouverture d’esprit ou une intransigeance et une intolérance la plus criminogène.
En apportant quelques informations sur l’origine de l’islam, sur ses principes, on peut être vite taxé d’islamophobie. Il y a une majorité de la population de musulmans qui inspire la sympathie et le respect. Et une quantité de responsables autoproclamés qui inspire la peur du fanatisme. Dénoncer une pensée hégémonique, le sexisme, une morale irrationnelle, l’intolérance, ce n’est pas être soit même intolérant.
Mahomet et ses fidèles.
L'islam est initialement un mouvement de conquêtes territoriales et de dominations, au prix de guerres continues. Mahomet aurait dit: "Le vrai combat ne se livre pas au sabre, mais dans l'âme de l'homme". Soit. Mais dans la pratique Mahomet organise de nombreuses expéditions de conquêtes. Alors que plusieurs conflits entre tribus déchiraient la péninsule arabique, Mahomet, après 10 ans de guerre, unifie la péninsule. Selon Jacqueline Chabbi, spécialiste de l'histoire médiévale du monde musulman, Mahomet est d'abord un chef de tribu, préoccupé de confédérer autour de lui d'autres tribus, dans le but d'exercer des razzias, de se procurer des butins que l'on se partage. À la mort de Mahomet (632), les califats suivants, étendent leurs conquêtes Et ce sont les puissantes tribus d'Arabie orientale qui débordent leurs frontières, pour s'étendre hors de l'Arabie. Il n'est pas question, à cette époque, de "guerre sainte" ou de prosélytisme. La période des conversions commence à la fin du VIIIème siècle et au IXème siècle. Et le juridisme musulman se met alors en place.
"Les conquérants n'avaient aucune prétention à idéologiser le monde. Ils n'avaient d'ailleurs pas d'idéologie, ils étaient seulement des pragmatiques qui avaient l'assurance d'être dans la bonne alliance avec un dieu protecteur qui leur donnait la victoire. L'essentiel pour eux était de rester en vie, pas de tuer, contrairement aux djihadistes qui font passer l'idéologie avant le pragmatisme. Daesch, c'est l'exact inverse de ce qu'a été la conquête."[1]
Les cinq piliers de l'islam.
Rappelons-les brièvement
1 -La chahada, est l'attestation de foi de l'unicité de Dieu et de la prophétie de Mahomet : c'est la plus importante.
2 - Les cinq prières quotidiennes ou Salat (As-salaat) peuvent être faites n'importe où, en direction de la Kaaba.
3 - L'impôt annuel : la zakat (Az-zakaat) est l'aumône aux pauvres dans les proportions prescrites en fonction de ses moyens.
4 - Le jeûne du mois de ramadan : le saoum (As-siyam) de l'aube au coucher du soleil, le jeûne est prescrit.
5 - Le pèlerinage à La Mecque : le hajj (Al hajj) au moins une fois dans sa vie, si le croyant ou la croyante en a les moyens physiques et matériels.
À noter que ces "piliers" sont des obligations. La spiritualité de l'islam est faite avant tout de devoirs, auxquels s'adjoignent des interdits.
Appartenance à une communauté religieuse qui structure et qui impose.
La communauté religieuse et sociale de l'islam est encadrée par la "loi divine".
Chez les défenseurs de la loi islamique, la loi divine n'est pas révisable. Elle est universelle et valable pour tous les temps et pour tous les hommes.
C'est quoi la loi divine ?
Un ensemble de préceptes, d'obligations qui ne demandent même pas de justifications puisque c'est Dieu qui les a prescrits. Peut-on demander des comptes à Dieu. Mais qui a énoncé ces lois ? Dieu lui-même, ou quelqu'un qui prétend parler en son nom. Un prophète est celui qui parle "au nom de Dieu". En parlant au nom de Dieu, on sait que Dieu lui-même, en personne ne nous approuvera pas. Mais on est sûr qu'il ne nous contredira pas. "Qui ne dit rien consent". L'important, c'est d'arriver à faire croire qu'on parle bien au nom de Dieu. Alors, on va chercher des arguments philosophiques pour se justifier. Chez les plus zélés, on va même faire appel à la science pour démontrer la véracité de ce qu'on affirme. On aboutit ainsi aux détournements de sens, aux malhonnêtetés intellectuelles d'un monsieur comme Harun Yaha.
Une religion hégémonique. L'incontournable charia.
Les Droits de l'homme
Un jour, l'un de mes fils disait à un camarade musulman qu'à son avis, l'islam était compatible avec la laïcité. Celui-ci lui répondit : "Non, ce n'est pas l'islam qui est compatible avec la laïcité, c'est la laïcité qui est compatible avec l'islam".
Les ambitions hégémoniques de l'islam se retrouvent jusque chez les plus simples fidèles. Alors, l'islam est-il vraiment compatible avec la laïcité, malgré les affirmations de quelques responsables? Dans le flou et l'imprécision des discours de certains responsables, on peut en douter
Le 5 août 1990, les pays islamiques réunis dans l'OCI (Organisation de la coopération islamique) ont rédigé leurs propres Droits de l'Homme, au Caire. La prétention de ce droit est sans équivoque. Elle affiche ses prérogatives dans le préambule :
"Réaffirmant le rôle civilisateur et historique de la Ummah islamique, dont Dieu a fait la meilleure Communauté, qui a légué à l'humanité une civilisation universelle et équilibrée, conciliant la vie ici-bas et l'Au-delà, la science et la foi; une communauté dont on attend aujourd'hui qu'elle éclaire la voie de l'humanité, tiraillée entre tant de courants de pensée et d'idéologies antagonistes, et apporte des solutions aux problèmes chroniques de la civilisation matérialiste..."
"Soucieux de contribuer aux efforts déployés par l'humanité pour faire valoir les droits de l'homme dans le but de la protéger contre l'exploitation et la persécution, et d'affirmer sa liberté et son droit à une vie digne, conforme à la Charia"
"La vie est un don de Dieu, garanti à tout homme. Les individus, les sociétés et les Etats doivent protéger ce droit contre toute atteinte. Il est défendu d'ôter la vie sans motif légitime."
C'est moi qui souligne les références explicites ou non à la charia
Certains rares articles reconnaissent que la charia peut varier d'un pays à l'autre. Mal définie, elle reste cependant la référence ultime du droit pour les musulmans, et ne renie pas ses prétentions à l'universalité.
La charia dominera le monde.
Or, le manuel de la Charia, approuvé par l'université Al-Azhar du Caire, donne quantités de motifs légitimes de meurtre: apostasie, meurtre d'un musulman, offense à Mahomet ou Allah, offense à l'Islam, adultère, acte homosexuel, refus de conversion dans le cadre du Djihad,
Concernant la femme, rien de nouveau. Elle est "l'égale de l'homme sur le plan de la dignité humaine".(concept flou). Pour le reste, on s'en remet implicitement à la charia.
"Tout homme a le droit d'exprimer librement son opinion pourvu qu'elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la charia.
...Tout homme a le droit d'ordonner le bien et de proscrire le mal, conformément aux préceptes de la charia."
"L'intégrité du corps humain est garantie; celui-ci ne saurait être l'objet d'agression ou d'atteinte sans motif légitime. L'Etat est garant du respect de cette inviolabilité".
Pas de soucis, la charia, là encore, fournit les "motifs légitimes": amputation, flagellation, crucifixion font partie des pratiques recommandées par la charia.
Arrêtons là. Il aurait été pratique que ces Droits islamiques de l'homme aient intégré directement la fameuse charia, évitant par là des confusions et des recherches nous permettant de savoir ce qu'il faut faire et ne pas faire pour être un homme à la fois universel et ... islamique. "Une civilisation universelle et équilibrée" gouvernée par la charia peut paraître quelque peu problématique.
L’islam est le système parfait
pour toute l’humanité.
Lapidation
La question de l'inégalité entre hommes et femmes.
C'est une question fondamentale, sur laquelle je n'ai jamais trouvé de condamnation claire de la part des responsables musulmans. Et c'est franchement inquiétant. L'inégalité entre les sexes n'est pas plus admissible, au sein de la république que l'inégalité raciale.
Le Nouvel Obs du 3 au 9 mars 2016 fait mention d'un hypothétique féminisme musulman. Il cite une chercheuse musulmane du CNRS : "Ma propre conviction est que le texte coranique promeut l'égalité de la vocation spirituelle de la femme et de l'homme". (Je me méfie toujours quand apparaît le mot "spirituel". Il est le voile pudique d'une inégalité réelle.)
Le site http://oumma.com/ s'il affirme l'égalité de l'homme et de la femme, se débat avec des textes du Coran et des hadiths qui contrediraient cette affirmation. Citons en quelques-uns:
Le Prophète a dit : « Si la malchance existe en quelque chose, c’est en la femme, la maison et le cheval. »
Le Prophète a dit : « Un peuple qui accepte qu’une femme le dirige ne pourra connaître la réussite. »
Le Prophète a dit : « J’ai vu que la majorité des hôtes du Paradis étaient les pauvres et que la majorité des hôtes de l’Enfer étaient les femmes. »
Le Prophète a dit : « Que l’un d’entre vous ne fouette pas sa femme comme l’on fouette un esclave et ensuite s’unisse à elle à la fin du Jour. »
Oumma.com conclut par une mise en cause de ces hadiths, qui ne reflèteraient pas la pensée du prophète. Ils seraient des faux, ou devraient être remis dans leur contexte historique. Le site précité a le mérite de poser le problème de l'égalité en situant les textes dans leur histoire. Il semble cependant exempter le Coran de cette analyse, en en faisant un absolu de la révélation divine par le prophète.
D'autres sites sont beaucoup moins nuancés, et je n'en ai trouvé aucun qui proclame l'égalité absolue entre l'homme et la femme.
Le site http://www.islamreligion.com/fr affirme:
"L’islam reconnaît que même si des différences existent entre les hommes et les femmes au niveau physique, au niveau spirituel, cependant, ils sont parfaitement égaux devant Dieu. Le Coran et la sounnah affirment de façon non équivoque que le sexe d’une personne ne jouera aucun rôle sur sa rétribution ou son châtiment dans l’au-delà... En conclusion, l’islam soutient sans équivoque l’égalité spirituelle absolue entre les hommes et les femmes, et attribue à tous un rang égal devant Dieu. "
Egalité "spirituelle" et inégalité (différences) dans la pratique quotidienne. C'est de l'hypocrisie.
L'égalité "spirituelle" (çà veut dire quoi ?) masque l'inégalité réelle. Et pour s'assurer de la réalité de cette inégalité au quotidien, il n'est pas besoin de faire beaucoup d'investigations. Il ne faut pas chercher longtemps sur des sites islamiques pour trouver l'affirmation de l'aliénation réelle de la femme. Je ne mentionne qu'un seul site: http://www.sajidine.com
"La femme doit obéir à toutes les demandes de son mari pourvu qu'elles soient licites ; elle doit préserver sa personne et les biens qu'il possède ; elle ne doit pas le heurter en prenant l'air sévère ou en adoptant une attitude qu'il n’aime pas. Ce sont là les droits majeurs que le mari a sur sa femme."
"Les fondements posés par l'islam en matière de relation entre les époux et d'organisation du couple répondent à la nature des choses. En effet, l'homme est mieux adapté au travail hors du domicile conjugal, tandis que la femme, elle, est mieux adaptée à l'organisation des tâches domestiques quotidiennes, à élever ses enfants et à faire du domicile conjugal un havre de paix, en sorte que l'homme n'est astreint qu'à ce qui lui convient, et la femme n'est astreinte qu'à ce qui est inhérent à sa nature. Ainsi, la maison s'organise-t-elle de l'intérieur comme de l'extérieur, en sorte que les charges relatives à celle-ci ne pèsent pas sur l'un plus que sur l'autre."
Egalité spirituelle et conformité à "la nature des choses".
Le rapprochement entre esclavage et condition de la femme est flagrant, et se justifie, dans les deux cas par une métaphysique de la nature.
Curieusement, on trouve déjà chez Aristote une justification de l'esclavage "par nature". Dans son livre "Les Politiques", il affirme « l'esclavage est utile autant qu'il est juste." et aussi: « entre le maître et l’esclave, quand c’est la nature qui les a faits tous les deux, il existe un intérêt commun, une bienveillance réciproque ; il en est tout différemment quand c’est la loi et la force seule qui les ont faits l’un et l’autre. »
Dans la phrase ci-dessus, remplacez "maître" par mari, et "esclave" par femme, et vous aurez l'impression de lire quelque hadith.
Comme pour l'esclavage, les tenants de l'inégalité de l'homme et de la femme, appuient leurs affirmations sur la "nature" différente de l'un et de l'autre.
Les théologiens catholiques ont soutenu le même genre d'arguments pour justifier l'inégalité de l'homme et de la femme. C'est le cas de Saint Thomas, maître à penser encore préconisé par l'autorité vaticane. Ce n'est pas le lieu ici de citer les nombreuses affirmations qui font de la femme un être inférieur. Il faut reconnaître que dans la pratique, la situation des femmes catholiques dans la société a beaucoup évolué, et qu'elle n'est en rien comparable à la situation des femmes musulmanes. Encore faut-il remarquer que la ségrégation subsiste dans les plus hautes autorités du catholicisme, car aucune femme n'a accès au pouvoir et aux responsabilités les plus hautes.
Le cas des femmes voilées.
Je rencontre tous les jours de nombreuses femmes voilées à l'école où je vais chercher les enfants dont je m'occupe. Ça va du simple voile couvrant la tête, souvent coloré, jusqu'au niqab, vêtement noir qui recouvre la femme de la tête aux pieds. Je remarque que l'une de ces femmes relève fréquemment un tissu pour cacher sa bouche, probablement dans un geste de pudeur plutôt énigmatique. Cette école, située dans un quartier populaire, semble cumuler les enfants d'origine musulmane, plus que dans n'importe autre école de la ville. Le "voile islamique" serait un signe d'appartenance à la religion musulmane.
Pendant au moins 2 ans, j’ai eu l’occasion de voir ces femmes voilées à une sortie d’école. Si une femme est libre de porter un voile islamique, elle devrait être aussi libre de ne pas le porter. Or, à aucun moment, je n’ai vu aucune femme, habituellement voilée, ne pas le porter. Ce qui signifie bien que c’est une obligation morale ou religieuse, soit d’un mari, soit venant de la pression d’une collectivité. Une obligation dont la justification n’est pas d’ordre rationnel.
Que des enfants d'origine musulmane cohabitent avec des enfants d'origine nationale, c'est une bonne chose. L'école est la meilleure manière de combattre un communautarisme étroit. Mais il ne faut pas laisser se développer des écoles échappant à l'Education Nationale.
Enfants voilés. Déjà
Le signe d'appartenance à la religion n'est pas le costume lui-même, mais ce qu'il signifie, à savoir le statut inférieur de la femme par rapport à l'homme. Car après tout, on peut reconnaître à chacun le droit de s'habiller comme il lui convient. Mais on ne peut accepter la signification manifeste du costume islamique. C'est un statut d'apartheid.(Comme l'étoile jaune sous le nazisme). Elles sont discriminées dans leur propre communauté, puisqu'elles n'ont pas le droit de se mélanger aux hommes, que dans les mosquées, elles sont reléguées dans des endroits différents. Très tôt, les petits mâles apprennent à dominer les filles. Et cette discrimination semble inscrite dans la culture musulmane, sans exception. J'ai trouvé sur les sites islamiques de nombreuses affirmations de l'inégalité homme-femme, en référence au Coran: "Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs biens. " (Coran, 4 : 34).Les arguments invoqués se réfèrent à la différence des sexes, qui justifierait l'inégalité. Une discrimination que les ultras voudraient appliquer aussi aux femmes non musulmanes. Des hommes refusent de serrer la main d'une femme. À la RATP, des conducteurs de bus ne veulent pas prendre le volant si une femme les a précédés. Mais aussi, pour les femmes musulmanes, une discrimination de la société civile laïque, marquée par l'attitude hostile quand elle n'est pas injurieuse, portée sur ces femmes qui affichent leur propre ségrégation. Une discrimination fréquente à l'embauche également. Bien sûr, dans les états musulmans, comme l'Arabie Saoudite, la discrimination est encore pire.
En regardant ces femmes si différentes, j'ai ressenti pendant longtemps un certain malaise. Mais je constatais qu'elles étaient toutes des mères attentives pour leurs enfants, souriantes entre elles. Et j'ai fini par me dire qu'il faut changer notre regard sur ces femmes. Il ne faut pas voir en elles les missionnaires d'une société archaïque. Il faut bien plutôt les considérer comme des handicapées sociales, qui méritent autant le respect et la tolérance que d'autres handicapés. Mais la tolérance appliquée aux personnes n'implique pas la tolérance de la discrimination dont elles sont l'objet. Admettre des personnes handicapées, ce n'est pas se satisfaire de la maladie.
L'histoire montre que les personnes aliénées, esclaves, noirs en apartheid, du fait de leur condition ne sont pas capables de sortir de leur aliénation. Pour changer leur condition, il faut une véritable révolution, au mieux interne par l'influence de quelques fortes personnalités, au pire violente, par le combat contre les personnes aliénantes. On objectera que plusieurs femmes ne ressentent pas la condition dans laquelle les hommes les soumettent comme une aliénation. Elles acceptent leur condition et même la justifient. La complicité de la personne aliénée avec la personne aliénante est assez courante, et c'est peut-être le pire degré de l'aliénation. Ainsi, en Afrique, ce sont les femmes qui maintenaient la coutume barbare de la mutilation sexuelle des femmes.
L'aliénation de la femme fait partie de la culture musulmane, comme elle a fait partie de la culture occidentale et chrétienne. De nombreuses cultures ont aliéné la femme, peut-être en raison d'une répartition des tâches dans les sociétés primitives, dans lesquelles l'homme était d'abord chasseur, et la femme gardienne du foyer et de la progéniture. Ce qui induisait une adaptation de chacun a sa fonction : l'homme plus fort et dominateur, la femme plus faible physiquement et handicapée par ses grossesses. L'islam a conservé la structure familiale et sociale de la société primitive.
Entre le Moyen Âge et l'époque actuelle, le temps est très court par rapport à la longue histoire de la vie. Mais pendant ce temps très court, la biologie et la physiologie de l'homme n'ont pratiquement pas changé, si l'on met à part la croissance en taille dans les sociétés les plus évoluées. La culture, elle, a beaucoup évolué, au moins dans certains secteurs de l'humanité. Mais la culture islamique n'a pratiquement pas changé depuis le Moyen Âge, car elle reste figée par des textes écrits pour une société du 10ème siècle.
En s'ouvrant à une pratique, à une éthique plus conforme à notre époque, les croyants ne peuvent s'empêcher de chercher des références dans les textes les plus anciens (Coran, Hadiths), revêtus selon eux, d'une garantie d'origine divine. Ou de faire appel à ceux qui prétendent savoir, leur savoir se résumant à une compilation de textes, ce qui contraint à des manipulations parfois acrobatiques. Même si la référence au Coran n'est pas directement explicite, on peut constater que, pour répondre aux questions les plus pratiques et les plus banales de la vie quotidienne, les croyants font appel à une autorité mystérieuse, l'énigmatique "savant" à l'origine et à la personnalité souvent floue, qui est censé déterminer ce qui est permis et ce qui est défendu. Cette ingérence s'insinue jusque dans les détails de la vie quotidienne : épilation, rasage, toilette intime. En consultant les "savants", le musulman saura, à coup sûr, ce qui est permis et ce qui est défendu. Le croyant est dispensé de faire appel à sa propre conscience, à son sens personnel du bien et du mal, et tout simplement à son bon sens.
La religion musulmane est-elle compatible avec nos valeurs démocratiques d'égalité ? En l'état actuel de la mentalité collective des musulmans, je pense que non. Et pourtant, j'ai rencontré de nombreux musulmans à l'esprit ouvert et tolérants, pour lesquels l'égalité homme-femme est une réalité de tous les jours. Ceux-là ne vont généralement pas sur Internet pour annoncer leurs convictions. Bien souvent, ils font référence à des connaissances assez floues sur le Coran, pour appuyer leurs convictions égalitaires et démocratiques.
Sur un forum Internet que je consultais, on se demandait si la tolérance existe dans le Coran. La plupart des intervenants rapportaient des versets du Coran qui montrent qu’elle n’existe pas. Alors une femme s’exclame : " Arrête ! Tu es méchant, je suis musulmane et je me suis fait un coran ou je n'ai mis que les versets dont tu parles, bons, tolérants, et qui viennent de Dieu... Bon ! Il n'est pas aussi gros que le vrai, mais tout de même !!! ". C’est à la fois réaliste et charmant [2]
Youtube est bourré de prêches musulmans, émanant de prédicateurs improvisés. Un débat fréquent oppose sunnites et chiites. Nous ne rentrerons pas dans ces querelles de chapelle qui ne nous apprennent rien. Tous les débats, sans exception, sont basés sur des interprétations du Coran, des hadiths, dont les contours sont imprécis, basés sur les affirmations de mystérieux « savants » dont la science est toute entière faite de citations aussi imprécises que mystérieuses. Je pense que les musulmans eux-mêmes peuvent dificilement s'y retrouver.
Citations du texte.
[1] L'Obs hors série. Nov.Déc 2015 "Le retour des guerres de religion",page 21
[2] J'avais noté l'événement et le texte, mais je n'ai pas retrouvé l'adresse du forum.
Le 2 février 2017