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13 - une pause dans la réflexion

                           

Les grandes orientations du blog :

 

    Avant de poursuivre, en ce début d’année 2017, il est utile de faire le point sur les orientations et les motivations du blog.

 

     Il s’agissait, au départ, de réfléchir sur sa propre vie. Sans imposer quoique ce soit à quiconque. Quand on arrive à un âge avancé – comme moi – on peut se poser pas mal de questions sur ce que l’on a cru, ce qui nous a été inculqué par un milieu familial et social. Il n’est pas question ici de jugements de valeur sur les personnes. On peut très bien remettre en question les croyances et même les valeurs qui nous ont imprégnés, sans pour autant juger les parents, les enseignants qui en ont été les porteurs. Au nom même de la tolérance, et, tout simplement de l'affection qui qui nous liait aux personnages de notre jeunesse, on ne saurait remettre en cause la sincérité et le dévouement de ceux qui ont été les éducateurs de mon enfance et de ma jeunesse. Dans la paroisse puis au collège catholique, j’ai admiré et aimé plusieurs personnalités, dont les motivations principales étaient le dévouement et l’amour des autres. La plupart de ces éducateurs sont morts. Et je sais que la remise en cause des croyances qui accompagnaient leur enseignement ne risque plus de les blesser. Au delà des croyances la plupart  avaient en eux l’essentiel, contenu dans le message christique. Et ils restent pour moi un exemple.

    En d’autres temps, ce genre de réflexions aurait été frappé par les interdits et la répression des « gardiens de la foi », c’est-à-dire les instances religieuses chargées de contrôler la rectitude de la pensée, sa conformité avec la foi et avec le dogme catholique. Les ouvrages non conformes étaient mis à l’ « index », c’est-à-dire interdits de publication. Dans les séminaires existait ce qu’on appelait l’ « enfer », un local où étaient stockés les livres jugés non conformes ou licencieux. L’accès à l’ « enfer » était soumis à autorisation. J’ai eu, autrefois, la surprise de découvrir « Notre Dame de Paris », de Victor Hugo parmi les ouvrages interdits…

    Mais tout ça, c’est de l’histoire ancienne, très ancienne. En quelques années seulement, un vent de liberté s’est engouffré dans l’institution catholique. Mais il faut ajouter que ce vent de liberté crée bien des incertitudes, des questions sans réponse. Le retour aux valeurs fondamentales du christianisme, centrées sur l’amour des autres, laisse dans l’ombre les questions théologiques et philosophiques qui autrefois ont été sources de conflits et parfois de crimes

    Nous avons tenté de bien distinguer « croyance » et « connaissance ». C’était l’objet du 4ème article de notre blog. A mon avis, cette distinction est tout-à-fait capitale. Car si la véritable connaissance ne s’appuie pas sur des croyances, beaucoup de croyances se prennent pour des connaissances. Et quand certaines connaissances finissent par s’imposer – l’évolutionnisme par exemple – la croyance tente soit de rejeter les nouvelles connaissances, soit de les intégrer dans le contenu de son dogme. Le dogme étant un ensemble de croyances établies comme irréfutables et définitives par une autorité religieuse. La conciliation du dogme avec la connaissance a souvent un caractère quelque peu acrobatique. Tel est le cas d’un courant islamique représenté par un prédicateur turc, Harun Yahya, qui tente de faire coller le dogme islamique avec la connaissance scientifique, au prix d’élucubrations intellectuelles hasardeuses. (Nous aurons l’occasion d’y revenir plus tard).

Le catholicisme commence vraiment sous l'impulsion d'un empereur païen

         (Ici, j’emprunte largement à mon livre, « Pourquoi je ne suis plus catholique »)

      Aux débuts du christianisme, les croyances n’étaient pas unifiées. Plusieurs sectes chrétiennes, se réclamant de Jésus, affichaient des croyances parfois opposées.

    La chrétienté des premiers siècles était dispersée dans plusieurs nations et il n’y avait pas d’unité entre les différentes chrétientés, chacune se recommandant d’un apôtre fondateur (Pierre pour Rome, Marc pour l’Égypte…). Le fondateur présumé de telle ou telle communauté reste par ailleurs légendaire. Parmi ces différentes communautés, les croyances n’étaient pas les mêmes. L’une des thèses théologiques les plus connues au IVe siècle était l’arianisme qui affirmait que Jésus, le Logos (en grec, la Parole), était une créature de Dieu. Mais il y avait bien d’autres croyances (Les Ébionites, Les Nicolaïtes, Les Barbélognostiques, etc.). À cette époque, le christianisme était déjà largement répandu dans l’empire romain et avait subi les persécutions de l’état romain (Sous les empereurs Dèce, Valérien, Dioclétien). Le véritable commencement de l’unification chrétienne débute avec l’intervention de l’empereur Constantin, soucieux de préserver l’unité de son empire, une unité fortement compromise par les dissensions et les luttes entre chrétiens, principalement en orient. C’est pourquoi il convoque les représentants de presque toutes les tendances du christianisme dans un concile à Nicée (325). Il faut préciser que Constantin n’est pas lui-même chrétien. Il ne sera baptisé que peu avant sa mort. Ce concile, après plusieurs mois de tractation et de pressions de l’Empereur, réussit à mettre d’accord les opinions les plus diverses, accord qui se traduira par le Credo de Nicée. Seuls les ariens n’adhèrent pas à la définition du nouveau Credo. Ils seront déclarés hérétiques. À l’occasion de ce concile, on reconnaît la prééminence du siège d’Alexandrie sur toutes les Églises d’Égypte et de Libye, ainsi qu’une prééminence des sièges de Rome et d’Antioche. Ces deux pôles de la chrétienté seront toujours en conflit. Et un deuxième foyer de dissension naîtra au sein de l'Eglise romaine, dans les  années 1500, sous l'impulsion de et  Luther.

    L’initiative de l’empereur Constantin était d’abord motivée par des raisons politiques : Favoriser un accord et une unité de cet ensemble assez hétéroclite de croyances diverses chez les chrétiens, supprimer des rivalités et des dissensions qui pouvaient aller jusqu’à des luttes parfois mortelles. Constantin veut que les différents chefs de ces communautés, les évêques, se mettent d’accord. Probablement, le résultat idéologique et doctrinal qui en résultera lui importe peu. Aboutir à un « Credo » (je crois), où l’ensemble des participants au concile, et donc l’ensemble des communautés chrétiennes partage les mêmes croyances (la même foi diront les croyants) est un gage d’unité. Et c’est ce même Credo, élaboré en 325, qui est encore proclamé, à la messe,  dans les églises catholiques, de nos jours. A noter que le Credo se présente comme un catalogue de "vérités" auxquelles on doit croire pour être catholique, mais qu'il ne fait aucune mention  de l'essentiel du message christique, basé essentiellement sur l'amour. En ce sens, le Credo n'est pas spécifiquement chrétien.

Premier concile de Nicée.

Au centre, l’empereur Constantin

    Toute religion suppose l’existence d’un « Credo » (je crois) plus ou moins explicite. Dans la religion catholique, le Credo est tout à fait explicite, et s’intègre dans chaque messe. « Je crois en Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre… ». C’est déjà l’affirmation sans équivoque du « créationnisme », c’est-à-dire d’une intervention extérieure à la vie elle-même, divine, pour tout dire, pour la diriger vers une fin.

    L’un des effets pervers du Credo a été, dans le catholicisme, l’apparition de l’Inquisition. Déjà, au concile de, Nicée, les arianistes, qui ne croyaient pas en la divinité de Jésus, sont déclarés hérétiques. Mais ce qui est au départ un simple rejet, devient, bien plus tard la motivation de persécutions et de crimes  Ne pas partager les croyances – qu’on appelle foi – c’est s’exposer à des représailles qui peuvent être mortelles. La torture et le bûcher sont alors perçus comme des moyens techniques permettant de convaincre les récalcitrants de la justesse des thèses dogmatiques imposées par l'autorité religieuses. L’Inquisition est créée par le pape Grégoire IX en 1233. Ce n’est qu’en 1965 que cette instance vaticane perd définitivement son nom et en même temps ses prérogatives policières et répressives, pour devenir la « Congrégation pour la Doctrine de la Foi ». De nombreux crimes et massacres sont perpétrés par l’Inquisition, sur plusieurs siècles. En Espagne, l’Inquisition sévira pendant 3 siècles. Bien sûr, le catholicisme actuel n’est plus ce qu’il était. La tolérance, le respect de la laïcité sont devenus des pratiques compatibles avec la foi. Mais à y regarder de près, on peut cependant se demander si la foi est compatible avec les avancées de la connaissance. Il n’y a pas si longtemps, le pape Pie XII affirmait que les chrétiens ne sont pas « libres » d’adhérer au polygénisme (les hommes ne descendent pas d’Adam et Eve).

    Plus le temps passe, et plus il semble que croyances et connaissances constituent deux mondes à part. La science poursuit son chemin, transformant peu à peu des hypothèses en quasi certitude (plus personne, dans la communauté scientifique,  ne remet en cause l’évolutionnisme), tandis que les croyances perdent progressivement leur caractère impératif et contraignant.

    Après ce petit intermède, nous reprendrons le cours de nos réflexions dans les prochains articles, notre objectif étant de favoriser une pensée qui nous permette de mieux comprendre ce qui, dans notre vie, peut nous approcher du bonheur. Un objectif ambitieux et peut-être irréaliste, mais qui vaut la peine d’être poursuivi.

Le 10 janvier 2017

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