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12 - Rechercher le bonheur

                           

Bonheur et survie

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Chaque être humain recherche le bonheur, que dans une première approximation on peut confondre avec le bien-être. Le bien-être est la tendance naturelle du vivant à bien se situer dans son environnement. En ce sens, on peut dire que l'arbre qui par ses racines tente de s'installer à travers les accidents du sol recherche le bien-être, même s'il n'a pas un niveau de conscience qui lui en fait apprécier la valeur. Le bien-être, c'est la façon la plus optimisée de vivre. Pour beaucoup d'espèces vivantes, le bien-être se confond avec la capacité de survivre, par la nourriture. La lutte pour la vie nécessite de s'inscrire dans un cycle qui commence avec la plante, première et indispensable source de vie. Le bien-être de la plante et de toutes les espèces végétariennes est conditionné par l'eau et la lumière du soleil, deux éléments essentiels que l'on retrouve dans toutes les étapes du vivant. Toutes les autres formes de vie sont prédatrices. Leur bien-être et leur survie sont conditionnés par la présence d'autres espèces vivantes, végétariennes ou elles-mêmes prédatrices. Au spectacle de lions attrapant quelques biches, notre réaction spontanée est de plaindre la pauvre biche dévorée, alors que pour les lions, la chasse est indispensable

L'homme, prédateur candide

 

Et notre civilisation humaine est ainsi faite qu'elle dissimule  un fait indiscutable: l'homme est le plus grand prédateur de la planète. Et à la différence de la plupart des prédateurs, il ne tue pas uniquement pour se nourrir. La chasse, par exemple, n'est plus indispensable à sa survie, et n'existe aujourd'hui que pour des motifs psychologiques dont la nature peut poser questions. Par ailleurs, on occulte complètement les conditions d'abatage des animaux que nous consommons. Le paquet de tranches de jambon n'est plus qu'un objet neutre de consommation, comme le paquet de bonbons. Le plus grand prédateur de la planète est un prédateur souvent candide.

Le bonheur, au-delà du bien être. 

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Le bonheur, cependant ne peut se confondre avec un bien-être physique. On ne peut appeler bonheur l'état de digestion du lion. Pour l'homme  - et d'autres primates supérieurs probablement - l'état psychologique est la composante essentielle du bonheur. Transformer le monde n'est pas toujours possible. Transformer notre manière de le percevoir est toujours possible. Matthieu Ricard, moine bouddhiste. rapporte le cas d'un homme, emprisonné 12 ans après l'intervention chinoise au Thibet, et condamné à tailler des pierres. Cet homme n'entretient aucune haine en lui, et contrairement à ses compagnons d'infortune, arrive à survivre.

Le bonheur végétal de vivre  ?

Le bonheur de tuer ?

Le bonheur de digérér ?

Parmi les religions, le bouddhisme propose un chemin vers la sagesse qui a bien des parentés avec l'enseignement de Socrate ou celui de Jésus. À la différence du bouddhisme, cependant, Socrate comme Jésus n'ont pas fondé une religion. Bien que Jésus se réfère à la religion juive dont il est issu, et dont il corrige, au passage, certains excès ou déviances,  il ne crée pas de système religieux (ceux qui prétendront s'inspirer de lui plus tard, s'en chargeront ). Tout au plus reprend-il le rituel du baptême, inauguré par Jean le Baptiste. Tout en se dégageant de toute transcendance divine, le bouddhisme se structure comme une véritable religion, avec ses croyances, son système de pensée, ses rituels. Comme pour Mahomet - mais avec un contenu qui n'a rien de commun - la parole de Bouddha prend un caractère sacré. Ce sont les sutras. Différentes écoles de bouddhisme fabriquent des systèmes de pensée et de pratiques permettant d'accéder à l'Eveil.(Grand véhicule, petit véhicule ...). Reconnaissons qu'il nous faut une certaine persévérance pour entrer dans une pensée et un langage qui nous sont particulièrement étrangers. Doit-on obligatoirement passer par le système de pensée, les croyances et les rituels du bouddhisme  pour acquérir la sagesse. Je suis persuadé que non.

Gourous, sectes, coachs du bonheur

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Avec le bouddhisme sont apparues les "gourous", maîtres spirituels. Une tendance dangereuse, qui risque d'asservir ceux qui se soumettent à leur influence. À côté de certains gourous, parfaitement inoffensifs et apportant peut-être un soutien à ceux qui recherchent la sagesse, certains individus peuvent amener leurs sujets à une grave dépendance mentale et dans des cas extrêmes à des conduites criminelles ou suicidaires.

Dans les années 70, beaucoup de jeunes occidentaux avaient été séduits par le bouddhisme. Et j'ai en mémoire  l'arrivée dans le RER, sur la ligne de Sceaux,  de passagers au crâne rasé, tout habillés de vêtements orange, et faisant sonner de petites cymbales, tout au long du parcours. J'étais étudiant en philosophie, et, deux ou trois ans plus tard, je rendais visite à d'anciens camarades de faculté, à Lyon. Quelle ne fut pas ma surprise de voir affichée dans leur salle de séjour, la grande photo d'un vieillard barbu. À ma question, ils me répondirent: "C'est notre maître spirituel".

Religion de paix et d'amour, comme le christianisme, le bouddhisme n'est pas lui-même exempt de déviances extrémistes. En Birmanie, les bouddhistes extrémistes de l'ethnie Rakhine ont développé une islamophobie qui leur a fait commettre des massacres sur la minorité musulmane.

En septembre 2016, Marion Dapsance, Docteur en anthropologie des religions de l’École pratique des hautes études (Paris), publie une enquête de 7 ans sur les coulisses du  bouddhisme en France, "Les dévots du bouddisme", et démonte les mythes que les occidentaux entretiennent sur cette religion. Les maîtres asiatiques qui officient en France proposent des rituels très compliqués, en tibétain, font intervenir des divinités, et demandent une soumission absolue au maître. Des abus sexuels et des violences physiques sont dénoncés.

Moon

Peut-on dégager quelques principes simples nous orientant vers le bonheur ?

 

Lors d'un séjour en Angleterre, en 1970, j'avais parcouru les rayons d'une librairie, à Londres. Un petit livre avait attiré mon attention : "Wy I am not a Christian", de Bertrand Russell. Je l'avais acheté, et après l'avoir parcouru, je remarquais particulièrement une section intitulée "the good life" (vie heureuse, vie de qualité) : "La belle vie est d'abord inspirée par l'amour et guidée par la connaissance".

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Je partage tout-à-fait ces deux principes.

Aux deux principes de Bertrand Russell. Amour et Intelligence, j'en ajoute un troisième, Adaptabilité. Ce troisième principe intègre les deux premiers, car je pense qu'on ne peut pas s'adapter à une situation changeante, dans la société ou dans sa vie physique et affective,  sans intelligence et sans amour. Et l'adaptabilité intègre encore un autre principe : la persévérance.  Savoir persévérer dans l'orientation que l'on a choisie. Rien d'intéressant ne se fait sans persévérance, c'est-à-dire sans travail. Le résultat d'une action n'est jamais garanti. Le résultat d'une absence de persévérance est presque toujours garanti. C'est pas de résultat.

Mais les principes sont une chose, La vie de tous les jours autre chose. 

Bonnes fêtes à tous

et à l'année prochaine

Le 15  décembre 2016

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