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2A - CES FEMMES VOILEES QUE JE RENCONTRE PRESQUE CHAQUE JOUR

   Je vais presque tous les jours chercher des enfants dans une école à Annecy. Et je pars un peu avant pour être sûr de trouver une place de parking. Ce jour là, j’ai stationné ma voiture au bord d’un trottoir. Peu après, une autre voiture vient stationner juste derrière moi. La femme qui conduit est voilée, et comme moi, elle attend l’heure de la fin de classe. Je l’observe dans mon rétroviseur.  Elle parait jeune, plutôt jolie. Elle porte un voile de couleur orange. Pendant un long moment, elle est assise, accoudée sur le bord de la portière, la tête appuyée sur sa main. Elle parait lasse. Et je me demande quelles sont ses pensées pendant cette attente.

   Et puis l’heure de fin de classe arrive, Je sors de ma voiture. Ma voisine en fait autant. Et la première, elle me dit bonjour, avec un petit sourire. Elle semble me connaître, ce que me confirme sa présence devant la même classe où nous attendons la sortie des élèves.

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   Dans la cour de l’école, il y a 10 à 20 femmes voilées. Mais toutes n’ont pas la même tenue. Il y a des femmes habillées de noir jusqu’au talon. Mais aucun niqab, qui masquerait le visage. Une femme cependant, très pâle, tire en permanence un bout de tissu noir devant sa bouche, dans un geste  de mystérieuse pudeur. Beaucoup de foulards ou d’écharpes de couleur prétendent satisfaire à une mystérieuse obligation. Sa quasi universalité dans le monde musulman ne fournit pas pour autant une explication de raison. Pendant le temps d’attente, des groupes se forment, des sourires s’échangent. Les plus audacieuses portent des pantalons, sont chaussées de bottes à la mode. Certaines,  même, affichent un piercing sur le nez. Les plus empaquetées sont chaussées parfois de savates ou de tennis bon marché qu’on peut apercevoir sous le long vêtement noir, parfois sans chaussettes. Dans un même groupe en discussion, certaines jeunes femmes sont habillées sobrement, sans voile, ce qui indique un climat général d’ouverture et de tolérance chez ces femmes.

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   Difficile d’avoir une explication sur ce mystérieux voile. Il serait, pour certains, une protection contre le viol. Masquer les signes prétendument provocateurs du charme féminin comme le visage, les mains, les cheveux, ce serait prévenir les agressions des mâles en rut. Ce pourrait bien être le contraire. Quand des hommes ne maîtrisent pas leurs pulsions sexuelles à la simple vue d’une mèche de cheveux, ce ne sont pas les femmes qu’il faut voiler, ce sont les mâles qu’il faut éduquer, et parfois soigner.

   Et si le voile était un signe d’appartenance religieuse, pourquoi les hommes ne le porteraient-ils pas ?

   Le voile islamique est propre aux femmes musulmanes, pas aux hommes. En ce sens, ce n’est – chez les femmes - ni le voile, ni tout autre type de vêtement qui est un signe de l’appartenance à une religion, c’est son statut social et familial. Le voile n’est que l’expression de  ce statut. C’est – pour les femmes - la situation d’apartheid  qu’elles subissent à la mosquée  ou dans tout autre rassemblement musulman. Parce que, sauf heureuses exceptions, le sexisme et la discrimination des femmes fait partie de la culture musulmane. Elles ont, dans leur famille et dans la société, une situation de dépendance vis-à-vis des hommes auxquels elles doivent obéir. Les arguments invoqués sur les sites islamiques, pour justifier cette discrimination le confirment :   La femme doit obéir à son mari. Ceux qui l’affirment prétendent en trouver la raison dans la Coran. Ceux – rares – qui le nient prétendent en trouver, eux aussi, la raison dans le Coran.

   Et j’ai envie de dire à tous : Essayer de raisonner par vous-mêmes, sans vous référer en permanence à un vieux texte pour tous les détails, même les plus anodins, de la vie de tous les jours. Et faites appel à votre bon sens plutôt que de vous demander ce qui est permis et ce qui est défendu pour des raisons inexplicables. Soyez libres.

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   Ce voile, en tout cas, crée un barrage à la communication, et c’est bien l’effet recherché. J’ai connu, dans mon passé de travailleur social, des musulmans tout-à-fait charmants, arrivés récemment, qui, en abordant une femme « normale », se trompaient sur ses intentions, et pensaient l’avoir prochainement dans leur lit. Où est l’erreur ?

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   Il n’en reste pas moins que ces femmes ont droit au respect, et que l’agression qu’elles subissent parfois de la part de « mécréants » est inadmissible.

Le 27  mars  2017

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